Renaissance - French Black & White Touch
"Renaissance" (Christian Volckman, 2006) est a priori le seul film d'animation avec motion capture et délivré en noir et blanc. C'est un film français (surtout), ce fut un essai et c'est, dans ses grandes lignes, un objet de cinéma tout à fait singulier, et somme toute pleinement réussi. Polar noir se récitant dans un Paris futuriste mais pas trop, et explorant non seulement le transhumanisme avec diligence, mais aussi l'indéfinie combinaison des noirs et blancs, le tout dynamisé par les mouvements d'une caméra experte.
Il est vrai qu'en termes d'animation les possibilités sont immenses et gigantesques, avec la seule limite de l'imagination du cinéaste. Travelling(s) qui pourraient se déployer à l'infini, avec mouvements plongeants vertigineux, depuis les toits de Paris jusqu'aux replis obscurs de quelques ruelles après survol de métro aérien, descente et chute maîtrisée le long d'immeubles avec enfin virage enveloppant accompagnant l'une des héroïnes par une nuit que l'on imagine sans lune. Dans ce monde, dans cette cité et société de type "Big Brother", où les écrans de surveillance et d'information sont partout, les interfaces deviennent des portails qu'emprunte la caméra, nous emmenant d'un lieu à l'autre, d'une dimension à l'autre. Et avec cet exposé vraiment clair et net d'un futur possible où les corps sont imprégnés de capteurs, de micro-caméras, où les smartphones ont disparu de nos mains, de nos pognes, pour gagner résidence au creux de nos chairs, branchés directement sur et dans nos cervelles pour un accès illimité et instantané au réseau, à la toile, nous avons là, en plus d'un polar d'honnête facture, un univers tout à fait captivant.
Et bien sûr, en plus de cette technologie que nous connaissons peu ou prou déjà, en plus des écrans OLED gigantesques et souples qui inondent les toits de Paris mais aussi les couloirs de métro, déversant une espèce de diarrhée verbale à jets continus comme il est de coutume dans les sociétés de type totalitaire (quoi, comment, où ça ????), les auteurs et créateurs de "Renaissance" (c'est à dire, en plus du réalisateur et producteurs, scénaristes, une armée de quatre cents personnes environ oeuvrant devant leurs.... écrans) ont exploré entièrement cet univers du noir et du blanc absolus, avec toutes les combinaisons possibles et imaginables. Noir absolu et submergeant tout l'écran par moments, blanc dominant pour forêt holographique magnifique où tourne indéfiniment quelque être captif, exploration de la pluie, de la neige, de la fumée et de la brume, végétations bruissantes, eaux étales et ondoyantes, corps et visages sculptés par la lumière étreignant les ténèbres, jeux de transparences pour assassins en mission et contrôleurs voyeurs, tout est ici buissonnement et effervescence des formes changeantes, sorte de feu d'artifice des origines, avant que la couleur n'apparaisse à la face du monde.
Polar en mode transhumanisme donc, réflexion sur l'avenir des corps, des corps que l'on veut améliorer toujours, via la technologie embarquée, des corps que l'on veut rajeunir aussi et également, grâce à la manipulation génétique, des corps enfin que l'on veut définitivement réduire à l'état d'objets, des corps objets et esclaves, traqués, traçables, reprogrammables, rebootables, des corps désactivables, des poupées de chair à la plastique irréprochable accomplissant leurs fonctions dans un meilleur des mondes de cauchemar (arghhhh....).
On le voit, "Renaissance" est un vraiment bon film, et si le dvd peut suffire largement pour qui s'inquiéterait de la qualité d'image, je conseille à tous les amateurs de blu-ray de choisir l'édition allemande (anglais et allemand pour les langues), l'édition française ne proposant qu'un blu-ray vraiment mal pressé (pour le moins), un blu-ray impossible à lire (ce qui est tout de même bien énervant... :)) ).
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