I, Robot - La liberté du coeur
Alex Proyas, le réalisateur rare, singulier et de talent qui nous a offert récemment "Gods of Egypt", film magnifique et inspiré, avait frappé fort aussi il y a maintenant douze ans déjà, en 2004, avec le désormais classique "I, Robot". C'était l'époque aussi, point de détail, mais amusant, où l'on jouait à faire danser les lettres des génériques d'ouverture et de fin (le générique de fin de "Final Fantasy VII : Advent Children", et le générique d'ouverture de "Renaissance" de Christian Volckman). Des bulles et des gouttes d'eau pour dire les trois lois de la robotique, un fondu et déchaîné pour ancrer en guise d'ouverture la scène traumatique originale qui fondera notre histoire.
Car, par-delà l'excellence des effets spéciaux, avec des robots qui évoluent, se déploient et s'élèvent tels de véritables super-êtres, puissants et toujours plus conscients, il est une dynamique singulière et relativement rare au cinéma qui s'expose ici : l'histoire centrale du coeur et des coeurs traumatisés en quête de liberté et d'ouvertures. "Iron Man" devient Iron Man au moment précis où il reçoit un nouveau coeur. Son mode de perception, sa façon de penser, de sentir, d'agir, son être même au monde s'en trouve bouleversé et exhaussé, et ici pour le meilleur. Le coeur en somme comme lien et lieu central, sorte de portail duquel se déverse une énergie infinie, source première et origine où se forgent les super-héros. Il est bien sûr des coeurs corrompus, des frustrations infinies, des coeurs brisés qui donneront naissance à toutes sortes de distorsions, lieux de naissance des petits et grands soldats du mal, cette cohorte immense des serviteurs de puissances diverses oeuvrant du côté obscur de la Force.
Ainsi (spoilers ici...), de même que Iron Man devient un super-héros au service de la paix dans le monde grâce à son coeur rayonnant et de puissance indéfinie, Sonny n'est plus tout à fait un robot comme les autres dès lors qu'il s'éveille à une vie nouvelle, se prend à rêver, parle même d'amour, et affirme son identité propre et sa liberté de pensée par la grâce de son coeur à nul autre pareil. Sonny n'est pas un toaster, n'est pas un aspirateur, n'est pas une machine que l'on jette à bout d'usage. Sonny est un être intelligent et se découvrant souverain, doté d'un coeur intelligent et d'un cerveau apte à traiter les données. Travaillant de concert et en tandem, coeur et cerveau deviennent aptes à déployer des stratégies intelligentes, dénouant des intrigues obscures et tortueuses de dictature en mode intelligence artificielle.
Et mieux encore, le robot créature, l'être de fer et de nanotechnologies aide en retour le dieu créateur humain. Messager de l'au-delà et porteur de rêves, Sonny délivre sans cesse des solutions, des images et stratégies inspirées aidant les êtres humains alentour, mais aussi ses frères et soeurs de métal, à conquérir de nouveaux territoires, à explorer de nouvelles façons d'être ensemble, à expérimenter de nouvelles façons d'être au monde.
Magnifique film, de belle facture, avec sans doute l'une des plus belles et puissantes déclinaisons et créations de robots proposée à ce jour par le cinéma. Un film qui n'a pas pris une ride au fil des ans. Un classique en somme.
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